À 78 ans, l’interprète de Emmène-moi danser ce soir se livre avec une grande liberté sur ses soixante ans de carrière. Et évoque son amour pour Stéphane qui partage sa vie dans le Luberon.
Soixante ans de carrière, qu’est-ce que cela vous inspire?
Je n’en reviens pas et ce n’est que du bonheur. Les gens m’ont permis de réaliser mon rêve de petite fille et d’en faire ma vie de femme. C’est extraordinaire et merveilleux d’être toujours la, soixante ans après…
Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts?
C’était la joie, on travaillait en s’amusant. Je me souviens très bien quand j’ai touché mon premier chèque de ma maison de disques. J’avais vendu cinq mille disques, pour moi c’était énorme.
Quel est l’accueil du public lors de cette tournée anniversaire?
Le public, c’est ma deuxième famille. Je suis très proche de lui, je fais des dédicaces à la fin de mes spectacles, j’aime avoir les réactions à chaud. Les gens me remercient. Il y en a aussi qui pleurent parce que certaines chansons les ont accompagnés dans des situations particulières.
Votre tournée passera par Courthézon, votre village d’enfance dans le Vaucluse,
le 12 septembre prochain. Quelles émotions est-ce que cela réveille?
Ça va être génial de retourner sur les lieux de mon enfance et de mes débuts. Le château de Val-Seille, c’est là que j’ai fait mes premiers pas de chanteuse. On montait tous les ans une grande scène pour le spectacle de fin d’année. Je vais certainement retrouver mes amis de l’école…
Je prépare aussi un nouveau spectacle pour 2027. J’espère que ce sera à l’Olympia. Cette salle est tellement importante pour moi. C’est celle de Brel, de Piaf, de tous ceux qui m’ont donné envie de faire ce métier.
Quels moteurs vous poussent à continuer à chanter, à sortir un nouveau vinyle ?
L’envie de toujours monter sur scène, c’est même un besoin pour moi. Je ne suis pas bien si je reste un peu trop longtemps sans me produire. La scène, c’est la meilleure des thérapies Et l’amour aussi, peut-être? Vous partagez depuis quelques années votre vie avec un certain Stéphane…
On a dit beaucoup de bétises sur cette histoire. D’abord, il n’a pas 25 ans mais 33 ans. On s’est écrit pendant la Covid, on s’est parté. beaucoup, et j’ai eu envie de le connaître. Je suis allée à Abidjan (Côte d’Ivoire) le rencontrer et j’ai été étonnée de sa jeunesse. J’ai été Jans son quartier, j’ai rencontré sa famille. Il y avait plein d’enfants. j’avais envie de tous les adopter. Ils vivent principalement dehors, pieds nus et, malgré cela, ce sont des gens très joyeux. J’ai vécu avec eux pendant un moment, et je crois que je pourrais habiter là-bas plus jeune et dans d’autres circons-tances. j’aurais pu. La famille de Stéphane, ce sont des personnes bonnes et géné-reuses, qui m’ont super bien accueil-lie. Les enfants me touchaient les cheveux, c’était beau. Son père travaille dans la mécanique automobile, son frère aussi. La maman fait la cuisine pour tout le monde.
Quel regard portent-ils sur votre relation avec Stéphane?
Je pense qu’ils sont heureux pour lui et pour nous. Stéphane est arrivé chez moi il y a deux ans. Il travaille maintenant dans une bras-serie, à Aix-en-Provence. Il prend des cours pour mieux parler le français. Il découvre plein de choses. Il a les yeux qui brillent de voir Paris, d’être allé au Vélodrome de Marseille parce qu’il est fan de foot. Je l’aime beaucoup, c’est un amour mater-nel. Je suis heureuse de lui faire découvrir des choses. On rit ensemble, il m’apporte de la joie.
Comment réagissez-vous aux critiques sur votre différence d’âge?
Quand la différence est dans l’autre sens, ça ne gène personne. On n’en parle même pas. Ces critiques sont blessantes parce que ça va très loin. Il y a ceux qui me soutiennent et qui comprennent, et puis il y a les autres. Mais je reste assez, sereine sur le sujet, il faut l’accepter, c’est comme ça.
Comment Stéphane a-t-il été accueilli par votre famille?
Ça a pris de temps parce que mon fils. Romain, et mes petits-enfants s’inquiétaient pour moi. Ils avaient peur certainement que Stéphane soit quelqu’un d’intéressé. J’aurais réagi de la même façon si ma mère avait été dans cette situation. J’aurais sürement dit qu’elle était folle. Ca s’est fais doucement, ils ont vu Stéphane m’aider à la maison, dans le jardin, dans mon quotidien. Maintenant, il fait partie intégralement de la famille.
Avez-vous des projets ensemble?
Il n’y a pas de projet particulier. on laisse faire les choses. Je sais qu’un jour Stéphane va rencontrer quelqu’un de son âge, qu’il aura envie d’avoir des enfants, et je serai heureuse pour lui. La famille s’agrandira! J’espère bien qu’on restera en contact.
Que diriez-vous à ceux qui, avec l’âge, ne croient plus en l’amour?
C’est bien triste parce que l’amour c’est la vie, l’amour est dans tout. L’important est de garder toujours des contacts avec des gens, parler, sortir, surtout ne pas se couper du monde. Si ce n’est pas un amour charnel, cela peut être des amitiés des rencontres.
Avez-vous encore des rêves inassouvis?
Non, j’ai la chance de toujours pouvoir monter sur scène et tant que j’aurai la santé, je continuerai. Je garde le rêve d’un nouveau spectacle, de nouvelles chansons. J´aime bien aussi m’occuper de mon jardin, décorer ma maison, cela fait partie de mes joies.