Dans la vi, je suis silencieuse et solitaire.

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Emmene-moi danser ce soir; J’en appelle à la tendresse, Lui…
Tant de succès qui nous accompagnent depuis les années 60.
En même temps qu’elle emménage dans sa nouvelle maison,
à Aix-en-Provence, Michelle peaufine un spectacle inédit.
C’est une femme à fleur de peau que l’on découvre.

Nous-Deux:
Un coffret de vos succès sort avec 3 inédits, dont Avant d’être chanteuse. Quelle vie meniez-vous avant?

Michelle Torr:
J’avais 16 ans quand j’ai débuté, alors évidemment je n’ai jamais été que chanteuse. A 6 ans, je chantais déjà dans le cinéma de mon village! Ce titre, Avant d’être chanteuse, est une façon d’évoquer la femme qui existe derrière l’artiste, et les rêves que l’on peut avoir avant de se lancer dans le grand bain de la vie.

ND:
A quoi va ressembler ce retour à l’Olympia?

Michelle Torr:
J’ai décidé de chanter des titres que je n’ai même jamais chantés sur scène. Comme Non à tous les gar-cons que m’avait écrit Gainsbourg juste après avoir signé Poupée de cire Poupée de son pour France Gall. Je me souviens très bien de notre rencontre… Il m’avait raccompagnée chez moi en taxi, il était alors soucieux, intimidé à l’idée de rencontrer pour la première fois, quelques heures plus tard, Brigitte Bardot. Il ne soupçonnait évidemment pas quelle histoire d’amour il vivrait avec elle…

ND:
Parmi ces trois inédits, vous chantez avec Claude Barzotti une adaptation du Notre Père. Vous êtes très croyante?

Michelle Torr:
La foi ne m’a jamais quittée. Je prie tout au long de la journée, pour remercier, pour demander. D’ailleurs, je rentre facilement dans les églises, ce sont des lieux qui m’émeuvent. Et je regarde très souvent la messe à la télévision! Je pense que le chant est très proche de la prière, c’est un partage, une communion. Je me souviens que, gamine, j’ai voulu être bonne sœur. Mes parents m’avaient même sortie de l’école privée parce qu’ils trouvaient excessive la façon dont je faisais des signes de croix à longueur de journée [rires)!

ND:
Vous chantez souvent le plaisir de monter sur scène. La vie vous semble moins plaisante?

Michelle Torr:
La scène, c’est ma meilleure place dans la vie, j’y suis à l’aise. Dans la vraie vie, je suis silencieuse, j’ai besoin d’être seule. La vie sociale est un peu un problème pour moi, je ne suis pas capable de grandes discussions, je décroche, ça m’ennuie vite. J’aimerais en être capable, c’est presque un fantasme! Je ne suis pas quelqu’un qui téléphone, qui a un grand cercle d’amis, qui refait le monde avec les copines. De plus, toute ma vie, j’ai peu parlé de peur de perdre ma voix.

ND:
On imagine pourtant que les gens vont souvent à votre rencontre…

Michelle Torr:
Mais ne pensez pas que je suis sauvage! J’aime les gens, mais j’ai aussi besoin de me replier sur moi. En fait, je n’ai pas besoin d’approfondir les relations. Il m’arrive par contre d’aller boire un verre avec quelqu’un qui m’aborde dans la rue. Dernière-ment, un monsieur à Aix m’a saluée et proposé de boire un chocolat avec lui, et je vous assure que ce n’était pas de la drague [rires]! J’ai passé un moment avec lui, j’aime ces rencontres.
Le plus drôle, c’est que je l’ai recroisé récemment tandis que j’étais avec Jean-Pierre [son compagnon, narl), et comme je ne le reconnaissais pas, il m’a dit:
« Souvenez-vous, on est allé boire un chocolat ensemble !»

ND:
Pensez-vous avoir sacrifié une part de votre vie privée pour ce métier ?

Michelle Torr:
J’ai commencé par sacrifier mon premier amour, Michel, pour vivre mon rêve à Paris. Ensuite, j’aurais aimé être une épouse et une mère plus présente, avoir beaucoup
d’enfants… La vie de chanteuse fait que vous renoncez à plein de choses: vous ne sortez pas parce que, le lendemain, il y a un spectacle ou une télé importante, parce que vous vous sentez traqueuse. Mais aucun homme ne m’aurait fait renoncer au bonheur de chanter! C’est seulement aujourd’hui que je me rends compte que j’ai parfois manqué à mes enfants, qu’il y a eu des reproches. Mais au final, ce métier m’a tout donné, rien ne m’a manqué, j’ai tant reçu!

ND:
L’an dernier, la presse a évoqué une violente dispute avec votre compagnon. Qu’en est-il aujourd’hui?

Michele Torr:
Ça va… Jean-Pierre souffre beaucoup, il risque l’amputation d’une jambe, et la douleur est telle qu’il doit prendre de la morphine à très haute dose. Lors d’une fête donnée à la maison, la morphine combinée à quelques verres d’alcool l’avait mis dans un état qui n’est jamais le sien. Alors, il y a eu des gestes inacceptables, des mots très moches, mais je ne suis pas une femme battue comme on a pu l’écrire. Les amis dans ces cas-là vous donnent des tas de conseils… mais tout cela est très personnel… Il faut, au fil du temps, se refaire confiance. Jean-Pierre et moi, c’est une histoire tumultueuse..

ND:
Vous aviez vous-même souffert d’un souci de santé. Comment allez-vous ?

Michele Torr:
Il s’agissait d’un ictus cérébral [une affection neurologique aiguë, ndir], et je suis maintenant un traitement pour la tension. Aujourd’hui je vais bien, hormis
quelques soucis de somnambulisme consécutifs à ce pépin de santé. Mais je ne
vous cache pas qu’à la veille de l’Olympia je suis dans un grand énervement!

ND:
Quelle grand-mère êtes-vous?

Michele Torr:
Je suis une grand-mère très gâtée, j’ai quatre petits-enfants merveilleux, mon fils Romain a trois enfants: Charlotte, 14 ans, Samuel 10 et une petite Raphaëlle de 8 mois. Ma fille Emilie est, elle, la maman de Nina, 4 ans, dont le rêve est pour le moment d’avoir 5 ans! Elle est trop mignonne! Je leur passe tout… Samuel a un T-shirt sur lequel est écrit: « Si maman dit non, mamie dit oui.» Pour moi, les enfants ont toujours raison.
Je pensais déjà cela avec mes enfants. Avec Charlotte, nous faisons les magasins.
A14 ans, elle est très fifille, elle adore fouiller dans ma trousse de maquillage et commence à se prendre de passion pour les chaussures à talons! Je les gâte, je fais tout ce qu’ils veulent!